LA
TEMPÊTE APAISEE
(MariaValtorta, «l'Évangile
tel qu'il m'a été révélé»
tome 3)
Une barque à voile pas excessivement grande mais pas petite.
C'est une barque de pêche sur laquelle peuvent aisément
se mouvoir cinq ou six personnes. Elle fend les eaux d'un lac d'une
couleur bleu intense.
Jésus dort à la poupe. Il est vêtu de blanc comme
à l'ordinaire. Il a la tête posée sur le bras
gauche, et sous son bras et sa tête il a mis son manteau gris-bleu
replié plusieurs fois. Il est assis, pas allongé, sur
le fond de la barque et appuie sa tête sur la tablette qui se
trouve à l'extrémité de la poupe. Je ne sais
pas le nom que lui donnent les marins. Il dort tranquillement. Il
est fatigué. Il est tranquille.
Pierre est au gouvernail, André s'occupe des voiles, Jean et
deux autres dont je ne sais qui ils sont, remettent en ordre amarres
et filets au fond de la barque, comme s'ils avaient l'intention de
se préparer à pêcher, peut-être pendant
la nuit. Je dirais que le jour décline car le soleil descend
déjà à l'occident. Les disciples ont tous remonté
leurs tuniques pour être plus libres dans leurs mouvements et
pour aller d'un endroit à l'autre de la barque en passant par-dessus
les rames, les sièges, les paniers et les filets sans être
gênés par leurs vêtements. Ils ont tous enlevé
leurs manteaux. Je vois le ciel s'obscurcir et le soleil qui se cache
derrière des nuages d'orage débouchés à
l'improviste de derrière la pointe d'une colline. Le vent les
pousse rapidement vers le lac. Le vent pour l'instant est en haut
et le lac est encore tranquille. Seulement il prend une teinte plus
sombre et se plisse en surface. Ce ne sont pas encore des vagues mais
déjà l'eau commence à remuer.
Pierre et André observent le ciel et le lac et se disposent
à manoeuvrer pour accoster. Mais le vent s'abat sur le lac,
et en quelques minutes, tout bouillonne et écume. Les flots
qui s'entrechoquent et heurtent le bateau, l'élèvent,
l'abaissent, le retournent en tous sens, empêchent la manoeuvre
du gouvernail comme le vent gêne celle de la voile qu'il faut
carguer.
Jésus dort. Ni les pas, ni les voix excitées des disciples,
ni non plus le sifflement du vent et le choc des vagues contre les
flancs du bateau et la proue ne l'éveillent. Ses cheveux flottent
au vent et il reçoit quelques embruns. Mais Lui dort. Jean
va de la proue à la poupe et le couvre de son manteau qu'il
a tiré de dessous une tablette. Il le couvre avec un délicat
amour.
La tempête devient de plus en plus brutale. Le lac est noir
comme si on y avait versé de l'encre, strié par l'écume
des vagues. La barque engloutit de l'eau et se trouve poussée
au large par le vent. Les disciples suent à la manoeuvre et
pour écoper l'eau que les vagues projettent. Mais cela ne sert
à rien. Eux maintenant pataugent dans l'eau qui leur arrive
à mi-jambe et la barque ne cesse de s'alourdir.
Pierre perd son calme et sa patience. Il donne le gouvernail à
son frère, et en titubant va vers Jésus qu'il secoue
vigoureusement. Jésus s'éveille et lève la tête.
"Sauve-nous, Maître, nous périssons!"
Lui crie Pierre (il lui faut crier pour se faire entendre).
Jésus regarde son disciple fixement,
il regarde les autres et puis il regarde le lac: " As-tu
foi que je puisse vous sauver?"
" Vite, Maître" crie Pierre,
alors qu'une vraie montagne d'eau, partant du milieu du lac se dirige
rapidement sur la pauvre barque. On dirait une trombe tant elle est
élevée et effrayante.
Les disciples qui la voient venir s'agenouillent et s'agrippent où
et comme ils peuvent, persuadés que c'est la fin.
Jésus se lève, debout sur la tablette
de la proue. Sa figure blanche se détache sur la tempête
livide. Il étend les bras vers la lame et dit au vent: "
Arrête et tais-toi " et à l'eau: " Calme-toi.
Je le veux. "
Alors l'énorme vague se dissout en écume qui retombe
sans dégâts. Un dernier rugissement qui s'éteint
en un murmure, comme était le sifflement du vent qui se change
en un soupir. Et sur le lac pacifié revient la sérénité
du ciel et l'espérance et la foi dans le coeur des disciples.
La majesté de Jésus je ne puis la décrire. Il
faut la voir pour la comprendre. Et je la goûte en mon intime,
car elle m'est toujours présente et je revois comme était
tranquille le sommeil de Jésus et comme était puissant
son empire sur les vents et les flots.
(Correspondance avec Matthieu
8,23-27, Marc 4,35-41 et Luc 8,22-25)
Commentaire de Jésus: "Les
malheurs servent à vous persuader de votre néant "
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