JÉSUS PREPARE LES DOUZES
PAR UNE RETRAITE DE PRIÈRES

(MariaValtorta, «l'Évangile tel qu'il m'a été révélé» Tome 3, Chapitre 24.)


(...) Jésus se tourne vers ceux qui restent: " Je vous quitte mais je ne vous renvoie pas. Je vous laisse pour quelques temps. Je me retire avec eux [les douzes] dans ces gorges que vous voyez là-bas. Que ceux qui veulent m'attendre restent dans cette plaine, que les autres retournent chez eux. Je fais une retraite de prières parce que je suis à la veille de grandes choses. Que ceux qui aiment la cause du Père prient, en s'unissant en esprit à Moi. La paix soit avec vous, fils. Isaac, tu sais ce que tu dois faire. Je te bénis, petit pasteur." Jésus sourit au pauvre Isaac, désormais pasteur d'hommes qui se groupent autour de lui.

Jésus marche en tournant maintenant le dos au lac, se dirigeant avec assurance vers une gorge qui se trouve entre les collines qui vont du lac vers l'ouest en lignes je dirais presque parallèles. Entre deux collines rocheuses, raboteuses, qui tombent à pic comme un fjord, un petit torrent qui écume descend avec fracas, et au-dessus c'est l'escarpement de la montagne sauvage avec des plantes qui ont poussé en tous sens, comme elles ont pu, entre les pierres. Un sentier de chèvre monte à l'assaut de la colline la plus raboteuse, et c'est celui que prend Jésus.

Les disciples le suivent, harassés, en file indienne, dans le silence le plus absolu. Seulement quand Jésus s'arrête pour leur permettre de souffler, dans un endroit un peu plus large du sentier qui semble une écorchure sur cette pente inaccessible, ils se regardent sans parler. Leurs regards disent: "Mais, où nous conduit-il?" Mais ils ne parlent pas. Ils se regardent et avec toujours plus de désolation chaque fois qu'ils voient Jésus reprendre la marche à travers la gorge sauvage, remplie de grottes, d'accidents du sol, de rochers qui rendent difficile la marche par eux-mêmes, par les ronces et mille autres plantes qui accrochent les vêtements de tous côtés, qui griffent, qui font trébucher et frappent le visage. Même les plus jeunes, chargés de sacs pesants, ont perdu leur bonne humeur.

Finalement Jésus s'arrête et dit: "Et ici, nous resterons pendant une semaine en prière. Pour vous préparer à une grande chose. C'est pour cela que j'ai voulu m'isoler ainsi, dans un lieu désert loin de tout chemin, de tout pays. Ici, il y a des grottes qui ont servi autrefois à des hommes. Elles nous serviront aussi à nous. Ici, il y a des eaux fraîches et abondantes alors que le terrain est sec. Nous avons suffisamment de pain et de vivres pour notre séjour. Ceux qui l'an dernier ont été avec Moi dans le désert savent comment j'y ai vécu. Ici, c'est une résidence royale en comparaison de ce lieu, et la saison désormais clémente enlève la rigueur du gel et celle du soleil à notre séjour. Veuillez donc y séjourner de bon coeur. Jamais plus, peut-être, nous ne serons ainsi tous ensemble et tout à fait seuls. Cette halte doit vous unir, en faisant de vous non plus un groupe de douze hommes, mais une seule organisation.

Vous ne parlez pas? Vous ne me demandez rien? Déposez sur ce rocher les fardeaux que vous portez et jetez au fond de la vallée l'autre poids que vous avez sur le coeur: votre humanité. Je vous ai amenés ici pour parler à votre esprit, pour nourrir votre esprit, pour vous rendre esprit. Et je ne dirais pas beaucoup de paroles. J'en ai tant dit depuis un an environ que je suis avec vous! C'en est assez maintenant. Si c'était par la parole que je devais vous changer, je devrais vous garder dix et cent années et vous seriez toujours imparfaits. Maintenant c'est le moment de me servir de vous et, pour cela, je dois vous former. Je recours au grand remède, à la grande arme: la prière. J'ai toujours prié pour vous. Mais maintenant, je veux que vous priiez par vous-mêmes. Je ne vous enseigne pas encore ma prière, mais je vous fais connaître comment on prie et ce que c'est que la prière. C'est une conversation de fils avec le Père, d'esprits à Esprit, ouverte, chaude, confiante, recueillie, franche. La prière est tout: c'est aveu, c'est connaissance de nous mêmes, c'est pleurs sur nous-mêmes, c'est engagement à notre égard et à l'égard de Dieu, c'est demande à Dieu, le tout aux pieds du Père. Elle ne peut se faire dans le vacarme, parmi les distractions, à moins d'être des colosses en fait de prière. Et même les colosses souffrent des chocs et des rumeurs du monde pendant leurs heures de prière. Vous n'êtes pas des colosses mais des pygmées. Vous n'êtes que des enfants pour l'esprit. Vous n'êtes que des déficients au point de vue spirituel. Ici, vous atteindrez l'âge de raison spirituel. Le reste viendra ensuite.

Le matin, à midi et le soir nous nous réunirons pour prier ensemble avec les antiques paroles d'Israël et pour rompre le pain. Puis chacun retournera dans sa grotte en restant en face de Dieu et de son âme, de tout ce que je vous ai dit sur votre mission, et de vos moyens. Mesurez-vous, auscultez-vous, décidez. C'est la dernière fois que je vous le dis. Mais après, vous devrez être parfaits autant que vous le pouvez, sans lassitude ni humanité. Ensuite, vous ne serez plus Simon de Jonas et Judas de Simon. Vous ne serez plus André ou Jean, Mathieu ou Thomas. Mais vous serez mes ministres. Allez. Chacun tout seul. Je serai dans cette grotte, toujours présent. Mais ne venez pas sans raison sérieuse. Vous devez apprendre à agir par vous-mêmes, à vous suffire. Parce que, en vérité, je vous le dis: il y a un an, nous étions sur le point de nous connaître et dans deux années nous serons sur le point de nous quitter. Malheur à vous et malheur à Moi si vous n'avez pas appris à agir par vous-mêmes. Dieu soit avec vous. Judas, Jean, portez à l'intérieur de ma grotte, celle-ci, les vivres. Il faudra qu'ils durent et c'est Moi qui ferai la distribution."

"Il y en a peu!..." objecte quelqu'un.

"Ce qu'il faut pour ne pas mourir. Le ventre trop rassasié appesantit l'esprit. Moi, je veux vous élever et non pas vous alourdir." (...)

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