LES BEATITUDES
Introduction

(MariaValtorta, «l'Évangile tel qu'il m'a été révélé» tome 3)


Jésus parle aux apôtres en leur assignant à chacun une place pour diriger et surveiller la foule qui monte dès les premières heures de la matinée, avec des malades portés sur les bras ou sur des brancards ou qui se traînent avec des béquilles. Dans la foule, il y a Etienne et Hermas.
L'air est pur et un peu frais mais le soleil a vite fait de tempérer cet air de montagne un peu vif. C'est tout avantage, car le soleil donne à l'air une fraîcheur qui n'est pas désagréable. Les gens s'assoient sur des pierres ou des rochers épars dans la vallée entre les deux cimes. Certains attendent que le soleil ait séché l'herbe humide de rosée pour s'asseoir à même le sol. Il y a une foule nombreuse venue de toutes les régions de Palestine, et de toutes conditions. Les apôtres sont perdus dans la foule, mais comme des abeilles qui vont et viennent du pré au rucher, ils reviennent de temps à autre auprès du Maître, pour le renseigner, pour le questionner, pour avoir le plaisir que le Maître les regarde de près.
Jésus monte un peu plus haut que le pré qui est au fond de la vallée, s'adosse à la paroi d'un rocher et commence à parler.
"Plusieurs m'ont demandé pendant une année de prédication: "Mais, Toi, qui te dis le Fils de Dieu, dis-nous ce qu'est que le Ciel, ce qu'est que le Royaume, ce qu'est Dieu, car nous avons des idées confuses. Nous savons que le Ciel existe avec Dieu et les anges. Mais personne n'est jamais venu nous dire comment il est, puisque il est fermé aux justes". On m'a même demandé ce qu'est que le Royaume et ce qu'est Dieu. Et je me suis efforcé de vous expliquer ce qu'est que le Royaume et ce qu'est Dieu. Efforcé, non parce qu'il m'était difficile de m'expliquer, mais parce qu'il m'est difficile, pour un ensemble de circonstances, de vous faire accepter une vérité qui se heurte, en ce qui concerne le Royaume, contre tout un édifice d'idées qui se sont accumulées au cours des siècles, et en ce qui concerne Dieu contre la sublimité de sa Nature.
D'autres encore m'ont demandé: "C'est bien pour ce qui est du Royaume et ce qui est de Dieu. Mais comment conquiert-on celui-ci et celui-là?" Ici aussi j'ai cherché à vous expliquer patiemment l'âme véritable de la Loi du Sinaï. Celui qui fait sienne cette âme s'approprie le Ciel. Mais pour vous expliquer la Loi de Sinaï il faut aussi faire entendre le ton sévère du Législateur et de son Prophète. S'ils promettent des bénédictions à ceux qui l'observent, ils menacent de peines terribles et de malédictions ceux qui désobéissent. La manifestation du Sinaï fut terrible et cette terreur se reflète dans toute la Loi, se reflète dans tous les siècles et dans toutes les âmes.
Mais Dieu n'est pas seulement Législateur. Il est Père. Et un Père d'une immense bonté.
Peut-être, et sans aucun doute, vos âmes affaiblies par le péché d'origine, par les passions, par les péchés, par des égoïsmes de toutes sortes les vôtres et ceux d'autrui, ces derniers vous faisant une âme irritée, les vôtres une âme fermée, ne peuvent s'élever à la contemplation des infinies perfections de Dieu et de la bonté, encore moins que de toute autre, parce que c'est la vertu qui avec l'amour est le moins le partage des mortels. La bonté! Oh! la douceur d'être bons, sans haine, sans envie, sans orgueil. Avoir des yeux qui ne regardent que pour aimer, des mains qui ne se tendent que pour des gestes d'amour, des lèvres qui ne profèrent que des paroles d'amour, et un coeur, un coeur surtout qui uniquement rempli d'amour force les yeux, les mains, et les lèvres à des actes d'amour!
Les plus savants d'entre vous savent de quels dons Dieu avait enrichi Adam, pour lui et pour ses descendants. Même les plus ignorants parmi les fils d'Israël savent qu'il y a en nous un esprit. Seuls les pauvres païens l'ignorent, cet hôte royal, ce souffle vital, cette lumière céleste qui sanctifie et vivifie notre corps. Mais les plus savants savent quels dons avaient été donnés à l'homme, à l'esprit de l'homme.
Dieu n'a pas été moins généreux pour l'esprit, que pour la chair et le sang de la créature qu'Il avait faite avec un peu de boue et avec son souffle. Comme Il avait donné les dons naturels de beauté et d'intégrité, d'intelligence et de volonté, le don de s'aimer soi-même et d'aimer les autres, de la même façon Il avait donné les dons moraux avec la soumission des sens à la raison. Ainsi dans la liberté et la maîtrise de soi et de la propre volonté, dont Dieu avait doté Adam, ne s'insinuait pas le pervers esclavage des sens et des passions, mais libre était l'amour de soi, libre la volonté, libre une juste jouissance, qui ne vous fait pas esclaves en vous faisant sentir ce poison que Satan a répandu et qui déborde, en vous amenant hors du lit limpide sur des terrains fangeux, dans des marais malsains où fermentent les fièvres des sens charnels et des sens moraux. Pour que vous sachiez que le désir de la pensée vient aussi du sens. Et ils eurent des dons surnaturels, à savoir la Grâce sanctifiante, le destin supérieur, la vision de Dieu.
La Grâce sanctifiante: la vie de l'âme. Cette chose extrêmement spirituelle déposée dans notre âme spirituelle. La Grâce qui nous fait fils de Dieu car elle nous préserve de la mort du péché, et celui qui n'est pas mort "vit" dans la maison du Père: le Paradis; dans mon Royaume: le Ciel. Qu'est-ce que cette Grâce qui sanctifie et qui donne Vie et Royaume? Oh! n'employez pas des flots de paroles! La Grâce c'est l'amour. La Grâce, par conséquent, c'est Dieu. C'est Dieu qui en s'admirant dans la créature qu'Il a créée parfaite s'y aime, s'y contemple, s'y désire, se donne ce qui est sien pour multiplier son avoir, pour jouir de cette multiplication, pour s'aimer en tant d'êtres qui sont d'autres Lui-Même.
Oh! fils! Ne frustrez pas Dieu de ce qui est son droit! Ne dépouillez pas Dieu de ce qui est son avoir! Ne décevez pas Dieu en ce qui est son désir! Pensez qu'Il agit par amour. Même si vous n'existiez pas, Lui serait toujours l'Infini et sa puissance n'en serait pas diminuée. Mais Lui, bien qu'étant complet dans sa mesure infinie, sans mesure, veut non pas pour Lui ni en Lui - Il ne le pourrait pas puisque Il est déjà l'Infini - mais pour le Créé, sa créature, Lui veut augmenter l'amour bien que ce Créé contienne déjà ce qui permet de donner la Grâce: l'Amour, pour que vous le portiez en vous à la perfection des saints et pour que vous reversiez ce trésor, tiré du trésor que Dieu vous a donné avec sa Grâce et augmenté de toutes vos oeuvres saintes, de toute votre vie héroïque de saints, dans l'Océan infini où Dieu se trouve: dans le Ciel.
Divines, divines, divines citernes de L'Amour! C'est ce que vous êtes, et à votre être n'est pas donnée la mort, car vous êtes éternels comme Dieu, étant Dieu. Vous existerez et votre être ne connaîtra pas de fin, parce qu'immortels comme les esprits saints qui vous ont suralimentés, en revenant en vous enrichis de vos propres mérites. Vous vivez et nourrissez, vous vivez et enrichissez, vous vivez et formez cette très sainte chose qui est la Communion des esprits, depuis Dieu, Esprit Très Parfait, jusqu'à ce tout petit qui vient de naître qui prend pour la première fois le sein maternel.
Ne me jugez pas mal au fond de votre coeur, vous qui êtes savants! Ne dites pas: "C'est un fou! C'est un menteur! Il faut qu'il soit fou pour parler de la Grâce en nous, puisque la Faute nous en a privés, il ment en nous disant déjà unis à Dieu". Oui, la Faute existe; oui, la séparation existe. Mais devant la puissance du Rédempteur, la Faute, séparation cruelle survenue entre le Père et les fils, croulera comme une muraille secouée par le nouveau Samson. Déjà je l'ai saisie et je la secoue et elle vacille, et Satan tremble de colère et d'impuissance ne pouvant rien contre mon pouvoir et se voyant arracher tant de proies et devenir plus difficile l'entraînement de l'homme au péché. Parce que quand, par mon intermédiaire je vous aurai amené à mon Père, et que par l'effusion de mon sang et par ma douleur vous serez devenus purs et forts, la Grâce reviendra en vous vivante, éveillée, puissante et vous serez des triomphateurs, si vous le voulez.
Dieu ne vous fait pas violence dans votre pensée ni non plus dans votre sanctification. Vous êtes libres. Mais Il vous rend la force. Il vous délivre de la domination de Satan. A vous de reprendre le joug infernal, ou de mettre à votre âme des ailes d'ange. Tout dépend de vous pour me prendre comme frère pour que je vous guide et vous nourrisse d'une nourriture immortelle.
"Comment conquérir Dieu et son Royaume en suivant une autre voie plus douce que la voie sévère du Sinaï?" dites-vous. Il n'y a pas d'autre chemin, il y a celui-ci. Mais cependant ne le regardons pas sous le jour de la menace, mais sous le jour de l'amour. Ne disons pas: "Malheur si je ne fais pas ceci!" en restant tremblants dans l'attente du péché, de n'être pas capable de ne pas pécher. Mais disons: "Bienheureux serai-je si je fais ceci" et avec un élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces béatitudes, qui naissent de l'observation de la Loi comme les roses naissent dans un buisson épineux.

Bienheureux si je suis pauvre en esprit, car alors le Royaume des Cieux est à moi!

Bienheureux si je suis doux, parce que j'aurai la Terre en héritage!

Bienheureux si je suis capable de pleurer sans me révolter, car je serai consolé!

Bienheureux si plus que du pain et du vin qui rassasient la chair, j'ai faim de justice. La Justice me rassasiera!

Bienheureux si je suis miséricordieux, car je profiterai de la divine miséricorde!

Bienheureux si je suis pur de coeur, car Dieu se penchera sur mon coeur pur, et moi je Le verrai!

Bienheureux si j'ai l'esprit de paix, car Dieu m'appellera son fils, car je serai dans la paix et dans l'amour, et Dieu est l'Amour qui aime celui qui est semblable à Lui!

Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté parce que pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu me donnera le Royaume des Cieux!

Bienheureux si on m'outrage et si on m'accuse à tort pour savoir être ton fils, ô Dieu! Ce n'est pas la désolation mais la joie que cela doit m'apporter, car cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les Prophètes, qui furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois fermement que je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel qui m'appartient!"


Regardons ainsi le chemin du salut à travers la joie des saints.

Heureux ceux qui ont une âme de pauvre >>

 
Les Béatitudes dans Matthieu 5,1-12

Voyant les foules, il gravit la montagne, et quand il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et prennant la parole, il les enseignait en disant :
«Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers.»

 

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